Voilà quelques mois à présent que le beau rouquin avait franchi la porte de la grande Asshia, l'astre lumineux qui le fascinait tant entamait sa descente très lentement, il n'était que seize heures, mais émettait tout de même sa chaleur réconfortante. Il n'était pas habitué à une luminosité si … flamboyante, son seul souvenir est bien sûr celui de la Géhenne qui répand une lueur rougeâtre à longueur de temps, sans aucune intensité, là-bas la nuit ou le jour n'existe pas. Comme le dit un célèbre humain français, écrivain, « Quand l’œil voit noir, l'esprit voit trouble » alors que se passe-t-il quand notre œil voit rouge … sang, douleur, enfer, piment aussi … Ce n'est qu'une supposition, mais admettons, si la Géhenne était plus chaleureuse, n'en serait-il pas de même pour tous ces démons avide de violence et de tueries ? Ce n'est pas vraiment cette représentation stéréotypé qu'un marquis des enfers devrait avoir de son lieu de naissance..

Sytry était assis sur un joli petit banc blanc crème aux motifs tous plus magnifiques les uns que les
autres, le menton levé en l'air, son visage enfantin brillait sous les douces attaques de l'étoile chaleureuse. Son seul œil à découvert était fermé, le jeune homme captait seulement tous les
sons qui se trouvaient autour de lui, il adore faire ça, comme si tout défilait devant lui, simple spectateur, il humait les odeurs, les analysaient, ainsi que les sensations qu'il pouvait discerner
grâce à son œil caché, cette partie de lui qui faisait qu'il était différent de ces confrères. Par cette belle journée, malgré les petits pâtés de neige qui se trouvaient à ses pieds, le jeune démon était simplement vêtu d'une chemise blanche en soie joliment retroussé au
niveau des bras tenus par de petites attaches dorées, une cravate de la même couleur que sa tignasse rousse qui était entre parenthèse particulièrement mal attaché, mais cela lui donnait un
certain genre plutôt paisible. Son pantalon en toile bordeaux légèrement bombé était maintenu par une ceinture noire, accompagnée d'un accessoire aux motifs qu'il trouvait plutôt amusant. Il se reposait tranquillement devant un marchant de glaces, l'odeur sucrée lui chatouillait ses petites narines, mais ne lui donnait pas spécialement envie, n'en ayant jamais mangé, c'était plutôt normal, pourtant la plupart de ses connaissances en raffolent. Pourquoi bon sang, pourquoi il y avait un marchant de glaces assez courageux pour vendre ses produit gelés en pleine période de neige.... (bon d'accord il avait aussi plein de chose autre que des glaces.... mais bon il ne voyait que ça ne sachant pas réellement ce dont il s'agissait).

Au bout de quelques minutes le jeune homme rouvrit son œil couleur émeraude, son attitude de petits vieux à se prélasser sur un banc durant des heures n'avait pas l'air de perturber les passants, de plus deux jeunes filles en fleurs étaient actuellement devant lui, comme si elles examinaient son doux physique dans les moindres détails, leur sourire radieux illuminait leur fin visage, elles prenaient quelques photos immortalisant sa beauté pourtant éternel. Celui-ci répondit simplement avec son regard de Don Juan, ses pâles lèvres s'étirèrent légèrement dans leur direction, puis elles se mirent à glousser tout en quittant son périmètre de vision. Charmé par leur joli minois, il en faut peu pour le satisfaire, le jeune rouquin poussa du bout des lèvres une espèce de sifflement continu de satisfaction, sur un rythme plutôt mélodieux, presqu'autant que le petit rossignol niché sur une branche au-dessus de sa tête. Tant de beauté contrairement à son monde d'origine, ici, il a l'impression qu'il existe vraiment, qu'il n'est plus le grand marquis des enfers, à jouer à un jeu où
son existence même est d'être un pion servant à assouvir les idéaux tordus de ses supérieurs. Ce sentiment est si étrange, c'est doux... si doux, si lent, on se sent léger, sans aucune pression ou contrainte, tout comme cet oiseau, on dirait que ça tient en l'air, tout seul. Le corps, ça vit tout seul, mais la pensée, c'est lui qui la continue, qui la déroule, il existe, il ne regrette en rien sa venue en ce lieu.

Aux milieux de ses réflexions, le beau jeune homme se concentra à nouveau sur ce qu'il avait en face de lui. Il y avait une jeune femme de dos, âgée d'environ une vingtaine d'année qui stagnait, humaine, dont les cheveux noires ondulaient légèrement au niveau de son cou, d'une silhouette fines mais agréable, la jeune femme se trouvait en face de l'homme qui servait les sucreries. Il ne voyait pas son visage, mais il l’imaginait parfaitement bien... Elle semblait vouloir s'offrir un petit plaisir gustatif, d'un élan de générosité et un peu de curiosité aussi, il se dirigea vers le commerçant et posa délicatement un billet sur la coupole près de la caisse et déclara d'une voix suave :

« Gardez la monnaie, je paye également pour la charmante demoiselle, moi je prendrai une de ses sucreries glacées saveur yaourt, en supplément je veux des copeaux de chocolat nappés d'un sirop rougeâtre ».

Le sirop rougeâtre qu'il désigna du doigt se trouvait être en fait du sirop de fruits rouges, il était
évident que le démon tout arrivé depuis peu dans ce monde ne pouvait tout connaître, surtout dans le domaine culinaire, le serveur le regarda d'un air niais puis acquiesça sans rien dire, bien qu'il le
pensait très fort...